La syphilis gagne du terrain partout dans le monde, et il est urgent de pouvoir la dépister rapidement et de manière fiable, particulièrement chez les personnes qui vivent dans des zones où l’accès aux soins de santé est limité. Une équipe internationale de chercheurs dirigée par l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) à Montréal, a démontré que les tests rapides au point de service (TRPS) pour le dépistage de la syphilis sont aussi précis que les tests classiques conduits en laboratoire. Les résultats, qui ont été publiés dans PLoS ONE, appellent à un changement majeur sur l’approche du dépistage de la syphilis et recommandent de remplacer des tests en laboratoire par des TRPS à travers le monde, particulièrement dans les endroits où les ressources sont limitées.

« Il y a un besoin à l’échelle mondiale d’adopter les TRPS pour dépister la syphilis »,  affirme Dre Nikita Pant Pai, auteure principale de l’étude, chercheuse-clinicienne à l’IR-CUSM et professeure adjointe au Département de médecine de l’Université McGill. « Cette méta-analyse génère des données probantes issues de diverses populations suite à l’utilisation des TRPS et c’est la première à utiliser des analyses sophistiquées étudiant la précision des tests rapides au point de service en comparaison avec les tests diagnostiques de référence. »

Actuellement, la syphilis est dépistée au moyen de tests classiques réalisés en laboratoire qui peuvent prendre de une à trois semaines avant d’obtenir les résultats. Ces tests nécessitent des agents chimiques, du personnel qualifié et un approvisionnement continu en électricité; ce qui n’est pas forcément le cas dans certaines parties du monde. En revanche, les TRPS peuvent être réalisés au moyen d’une simple piqûre au bout du doigt, sur un patient à la fois, et les résultats sont transmis au patient dans un délai de 20 minutes, ce qui permet de gagner du temps et d’aider les médecins à commander des tests de confirmation et à rapidement identifier les patients qui ont besoin d’un traitement.

La syphilis est une infection sexuellement transmissible (IST)  causée par la bactérie appelée Treponema pallidum. Elle est transmise d’un partenaire à l’autre lors de relations sexuelles impliquant un contact direct avec une plaie infectée par la syphilis. Cette IST peut également être transmise au fœtus par la mère pendant la grossesse ou à la naissance, ce qu’on appelle la syphilis congénitale. « De plus, le dépistage et le traitement rapide durant le premier trimestre sont extrêmement importants chez les femmes enceintes afin d’éviter les mort-nés, les accouchements prématurés et la transmission de la syphilis de la mère à l’enfant », ajoute Yalda Jafari, l’auteure principale de l’étude et ancienne étudiante à la maîtrise sous la supervision de Dre Pant Pai.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la syphilis constitue aujourd’hui encore un problème mondial avec 12 millions de personnes infectées chaque année. De plus, approximativement 90 % des personnes infectées ne le savent pas, et il s’agit de l’élément moteur de cette épidémie mondiale. Les Centers for Disease Control (CDC) des États-Unis font souvent référence à la syphilis comme étant la « grande imitatrice », car bon nombre de ses symptômes sont similaires à ceux d’autres maladies.

« Notre étude a des répercussions majeures sur les populations du monde entier qui vivent dans des régions rurales avec un accès limité au soins de santé », conclut Dre Pant Pai. « Ces tests ont le potentiel d’accélérer le dépistage de première ligne dans des milieux où les gens n’ont pas accès à un médecin de soins primaires et ou les résultats des tests de laboratoires prennent plus d’une semaine à arriver. »

Au sujet de l’étude

Cette étude intitulée “Are Treponema pallidum Specific Rapid and Point-of-Care Tests for Syphilis Accurate Enough for Screening in Resource Limited Settings? Evidence from a Meta-Analysis”, a été coécrite par Yalda Jafari (département d’épidémiologie, de biostatistiques et de santé au travail, McGill, Canada); Rosanna W. Peeling (School of Hygiene and Tropical Medicine de Londres, R.-U); Sushmita Shivkumar (Épidémiologie clinique, et École de médecine de l’Université McGill, Canada); Christiane Claessens (Institut national de santé publique, Canada); Lawrence Joseph (départements d’epidémiologie clinique et  de médecine, IR-CUSM et département d’épidémiologie, de biostatistiques et de santé au travail, McGill, Canada); and Nitika Pant Pai (départements d’epidémiologie clinique et  de médecine, McGill/RI-CUSM, Canada).

Cette étude a été financée par une subvention des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC).

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